Mali : La Radio face à la Désinformation

Dans un contexte où la désinformation prolifère, la radio au Mali se trouve à un carrefour délicat. Selon Sagaidou Bilal MAIGA, journaliste et fact-checkeur de Tama Média, cet outil de communication joue à la fois un rôle dans la propagation des infox et dans leur lutte. Alors que certaines revues de presse en langues locales alimentent la confusion, d’autres stations commencent à adopter des pratiques de fact-checking et de sensibilisation. Cet article examine cette dynamique complexe et les efforts croissants pour contrer la désinformation dans le paysage médiatique malien.

La Radio : Propagateur d’Infox

La radio, en tant que média de masse accessible, joue un rôle incontournable dans le paysage médiatique malien, mais elle peut également devenir un vecteur de désinformation, particulièrement dans le contexte politique et social actuel. Sa grande portée permet à des récits non vérifiés d’atteindre un vaste public, souvent amplifiés par un besoin de sensationalisme pour capter l’attention des auditeurs. Le manque de ressources et de formation des journalistes entraîne la diffusion d’informations erronées sans vérification préalable.

Les revues de presse en langues locales, bien qu’essentielles pour l’inclusion, peuvent véhiculer des contenus trompeurs, renforçant ainsi la désinformation dans des communautés qui dépendent de ces sources. La répétition de fausses informations ancre des croyances erronées chez les auditeurs, rendant difficile la correction des récits inexactes. Dans ce contexte, Sagaidou Bilal MAIGA, journaliste et fact-checkeur de Tama Média, souligne que la radio joue à la fois un rôle dans la propagation des infox et dans leur lutte, certaines stations adoptant des pratiques de fact-checking et de sensibilisation.

Sagaidou Bilal MAIGA affirme : « Il est aussi reconnu que la radio joue à la fois un rôle dans la propagation des infox mais aussi dans la lutte contre celles-ci. » Au Mali, cette réalité est particulièrement marquée par les revues de presse en langues locales, qui, selon lui, « contribuent très souvent à alimenter la désinformation (au sens large du terme). »

Exemples d’émissions qui peuvent propager les fausses informations

  • Revues de presse : Ces émissions en langues nationales peuvent véhiculer des informations non vérifiées, créant une confusion parmi l’auditoire.
  • Émissions de débat : Les opinions personnelles prennent souvent le pas sur des faits vérifiés, accentuant la désinformation.
  • Publicités : La promotion de produits de pharmacopée sans fondement scientifique peut induire en erreur les consommateurs.

Un avenir prometteur : factchecking et sensibilisation

Malgré ces défis, M. Maiga souligne que « tout n’est pas sombre. » Certaines stations de radio commencent à prendre conscience de leur responsabilité et adoptent des pratiques de vérification des faits et de sensibilisation. Elles consacrent des heures d’antenne à des émissions sur la désinformation, diffusent des podcasts dédiés à la lutte contre les fausses informations ou invitent des experts en fact-checking pour débattre de sujets polémiques.

Initiatives Positives

  • Émissions de fact-checking : Des programmes dédiés à la vérification des faits émergent, permettant de contrer les fausses informations. ces programmes utilisent non seulement les radios pour toucher le plus grand nombre des populations maliennes, mais en plus, le Podcast est devenu un nouveau type de contenu. comme exemple nous pouvons citer Studio Tamani qui multiple débats et émissions sur la desinformation et dispose d’un desk  » factckecking »
  • Collaboration avec des organismes spécialisés : Certaines stations collaborent avec des experts en journalisme de vérification, relayant leurs travaux en langues locales pour atteindre un public plus large. M. Maiga note que ces initiatives « apportent de l’intérêt à la pratique du fact-checking », ce qui est essentiel dans la lutte contre la désinformation.

La culture de l’oralité et l’impact social

La radio demeure un puissant outil de communication de masse, surtout dans un pays comme le Mali, où la culture de l’oralité occupe une place centrale dans la transmission des savoirs et des traditions. Depuis des générations, les récits, les contes, les chants et les proverbes sont les principaux vecteurs de communication et d’apprentissage au sein des communautés maliennes. Cette tradition orale, profondément ancrée dans le quotidien, permet de transmettre des valeurs, des histoires et des connaissances de manière vivante et accessible, même dans les zones les plus reculées.

M. Maiga rappelle que les disparités socio-économiques rendent l’accès à l’information crucial. Dans ce contexte, la radio, en tant que média accessible et compatible avec cette culture de l’oralité, joue un rôle essentiel. Elle devient un outil d’éducation, de sensibilisation et de cohésion sociale, capable de toucher toutes les couches de la population, quel que soit leur niveau d’alphabétisation.

La radio au Mali représente un double tranchant dans la lutte contre la désinformation. Si elle peut être un vecteur de fausses informations, elle a également le potentiel de devenir un outil puissant pour l’éducation et la sensibilisation. Les initiatives de fact-checking et la collaboration avec des experts sont des pas dans la bonne direction. Comme le souligne Sagaidou Bilal MAIGA, il est impératif que les stations de radio prennent conscience de leur responsabilité dans la diffusion de l’information et s’engagent activement dans la lutte contre la désinformation.

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